[The Sorting Hat, S1 C2] Table des professeurs

La plupart des professeurs sont déjà présents à la haute table : Dippet, au milieux, semble étrangement petit malgré la hauteur de sa chaise. Il faut dire que le directeur s'est encore ratatiné au cours de l'été, et que le jeune et resplendissant St-Just, à sa gauche, ne rend que plus visible la vieillesse du petit homme. A sa droite, la place encore vide d'Albus Dumbledore attend le vice Directeur, chargé, comme depuis nombre d'années, de la répartition.

En partant donc de la gauche de Dippet : juste après Deneb se tient la place de McDonald, professeur d'Astronomie, puis du professeur de botanique, de vol, d'étude des moldus et enfin d'étude des runes.
A la droite de Dippet, juste après la place vide de Dumbledore, siège Horace Slughorn, Directeur de Serpentard, puis la professeur Galatea Merrythought, suivie du professeur de soin aux créatures magiques, puis d'Ichabod, de la professeur de Divination, puis d'Arithmancie.

A cette table, les rumeurs vont déjà bon train : on commente l'attaque du Chemin de Traverse, le bombardement près de King's Cross. Mais en fait, comme les élèves, les professeurs sont préssés d'en venir aux plats. Sauf peut être St-Just (mais cela ne vous surprend pas, cette moitié de français passe beaucoup trop de temps à regarder sa ligne !), dont le babillage déclenche quelques éclats de rires chez Dippet. Une histoire de vieille cousine française et d'escargots...

Ayant fait le voyage en train, tout comme Caitlin, Elfriede arriva dans la Grande salle en même temps que sa collègue et que les élèves. A passer la porte ainsi, voyant les autres professeurs alignés sur leurs chaises, à converser et rire, elle se sentait revenir des années en arrière, lorsqu'elle venait pour la première fois à Poudlard. Elle se souvenait encore de l'inquiétude qui balayait les rangs des premières années; les rumeurs concernant des épreuves de passages et autres tests allaient de bon train. Elle, elle avait juste trouver le temps d'attente trop long. Trépignant d'impatience de par sa curiosité, elle avait hâte d'être répartie!

Enfin, tout cela remontait à tellement longtemps! S'avançant donc du pas tranquille et impérieux qu'on lui connaissait, l'Allemande se fraya un passage parmis la foule d'élèves qui prenait encore place. Rendant quelques saluts au passage, elle s'approcha de la table des professeurs, un mince sourire aux lèvres.

"Bonsoir!"lança-t-elle, enjouée."Vous avez passé de bonnes vacances?"

Si Ichabod était d'une extravageance discrète, d'une bienséance et d'un calme irréprochables, cela ne l'empêchait pas de se montrer plein d'entrain, à l'inverse du concierge, par exemple. En la voyant passer dans les couloirs, il s'était sentit obligé de râler, une fois de plus, lui faisant bien remarquer que les élèves salissaient toujours un peu les escaliers, avec leurs chaussures pleines de boue, et que c'était tout bonnement un sacrillège fait à la Propreté. Soit. Gardant sa politesse malgré son exaspération, elle lui avait gentiment fait remarqué que c'était le premier jour, et de ce fait, pas le moment de s'énerver pour si peu. Sa voix ferme avait néanmoins fait abdiquer le vieillard, qui était repartit en gromellant.

"Le voyage en train vous a-t-il plus, Caitlin?"demanda-t-elle alors, souriant un peu plus, à l'adresse du professeur d'Astronomie.

Etait-il vraiment utile de lui retourner la question, lorsque l'on voyait cette lueur réjouie et malicieuse, briller au fond de son regard sombre? Pas besoin d'être devin pour voir que, malgré le stress du départ, Elfriede en avait été tout simplement en-chan-tée!

Le mince pincement de lèvres que laissa entrevoir le porfesseur Merrythought, alors que son regard se posait sur Elfriede, n'échappa pas à cette dernière. Elle fit cependant comme si de rien n'était, feignant de n'avoir rien vu; après tout, elle l'avait eu comme enseignante, à l'époque de ses études. Si l'Allemande s'était distinguée par son génie, son intelligence et sa culture, elle n'en restait pas moins une élève ayant passé de nombreuses heures en retenues, mettant parfois son talent aux profits de quelques bêtises. Connaissant le caractère quelque peu strict, mais juste au fond, de Galatea, elle s'imaginait sans grande peine que ces sept années à enseigner à la petite Elfriede Ichabod de l'époque étaient encore bien ancrées dans sa mémoire. Enfin... De son côté, la germanique avait toujours admirée son aînée, appréciant son talent indéniable pour la magie, mais surtout, la gentillesse, la compréhension et la générosité dont elle savait parfois faire preuve...

"Bonsoir."répondit-elle donc avec un mince sourire poli."Un merveilleux voyage, en effet, je vous remercie."

Reportant son attention vers Caitlin, elle fut amusée de voir que, tout comme elle, elle s'était sentit nostalgique de ses années d'études. Certes, le départ s'était déroulé dans le stress, mais la voyage lui-même avait été, du point de vue d'Elfriede, plus que reposant...

"Et vous-même Elfriede? A-t-il été agréable? Je ne vous ai pas croisé dans le train, où donc vous étiez-vous cachée?" Oui, bien sûr que la professeur de Sortillèges avait sentit le ton taquin de la question. Et puis... l'avait-on jamais vue se mettre en colère pour quoi que ce soit? Non, alors ce n'était pas pour une remarque, quelle qu'elle puisse être, qu'elle allait le faire... enfin... sauf imprévu, bien sûr.

"Oh, oui! Plus qu'agréable, si l'on exclu le départ un peu.. pesant."dit-elle, un mince sourire aux lèvres."J'étais au fond, tout au fond du train. Figurez-vous qu'il n'y avait plus de compartiment libre, j'ai donc fait le voyage en compagnie de Miss Berkeley; c'était très sympathique, d'ailleurs."

En effet, la jeune Serdaigle s'était montrée ouverte, restant d'une politesse irréprochable; Elfriede avait beaucoup apprécié leur discution, nul besoin d'être devin pour le comprendre.

"Et puis... j'avoue que, tout comme vous, j'étais un peu nostalgique. Même avant le départ."ajouta-t-elle avec amusement.

Il faut dire que ses années d'études à Poudlard lui avaient été particulièrement agréables. Des notes remarquables, des amitiés solides, de bons professeurs... Et puis c'était ici qu'elle s'était dit, pour la toute première fois que, peut-être, elle aussi pourrait enseigner. Il lui avait fallu néanmoins plusieurs années, avant de revenir à Poudlard, engagée par Dippet. Avant cela, elle avait notament travaillé pour le Ministère, tout comme Galatea, à une époque antérieure. On ne pouvait pas dire que cela ne lui avait pas plu; elle avait rapidement gravi la hiérarchie locale. Mais au fond, elle se disait bien que ce n'était pas ce qu'il lui fallait, bien qu'elle se montre très douée... Elle était donc partie, sachant bien que, dans les jours qui suivraient, elle se verrait offrir un rang plus haut encore, qu'il serait malhonnête de refuser. Autant partir avant de faire du tord, dans ce cas...

Galatéa promena un regard aussi amusé que dépité sur son jeune collègue à la tête des premières années. Original... Et pas forcément dans le bon sens du terme fut le premier mot qui vint à l'esprit de cette chère professeur... Du genre de manière qu'on ne le prononce que du bout des lèvres avec un sourire qui n'en raconte pas moins tout le mérite que l'on accorde à un tel massacre vestimentaire.
Puis c'est avec un intérêt tout particulier qu'elle reporta son regard sur le choixpeau et plus précisément sur la petite chose qui allait bientôt s'en approcher. Intéressant potentiel, ne se tord pas les mains inutilement, ne gémit pas comme une biche apeuré... A confirmer... Sa sélection de classement de début d'année venait de commencer, posant doucement son menton entre ses doigts gantés, un charmant sourire aux lèvres regrettant presque les insipides babillages de ses collègues.
Elle chercha ses favoris du regard et fut satisfaite de savoir qu'elle ne trouvait rien à redire ni à leur tenue ni à leur gout. Tant mieux, il aurait été dommage que de brillants élèves commencent sur une mauvaise appréciation... Elle était peut être dure mais il était temps qu'ils comprennent que le monde était en guerre, et que la guerre elle, ne punissait pas... Elle tuait.

Le vieux et fort frippé Dippet éclata d'un petit rire nerveux. Rire qui sembla lui apporter une puissante toux sèche, assez retentissante dans le presque silence ("Chuuuuuuuut, la répartition commence !") pour attirer un instant l'attention.

Le directeur disposa de ces regards d'un geste de la main, vif et agacé. Quoi, il n'avait que quatre vingt dix huit ans ! Pour un sorcier, ce n'était pas si vieux que ça, inutile de s'étendre sur sa santé, fort bonne au demeurant.
Au moins son voisin, Deneb, eut-il la politesse de ne pas noter cette faiblesse passagère. Il était occupé à fixer Dumbledore avec une expression d'ennui tout aussi classe que la veste parfaitement coupée (et beaucoup plus élégante que celle du professeur de Métamorphose) qu'il portait ce soir là.

Cependant, nul n'aurait pu ignorer, après un examen un peu minutieux mais même de loin, les cernes sous les yeux du professeur d'Histoire. On disait parmis les professeurs (mais chut ! c'était un secret, avait piaillée la professeur d'Etude des Moldus, quand bien même elle était la plus grande commère du groupe) qu'il s'était rendu en France, où l'une de ses tantes avait été portée disparue. Etait-il vrai que ses deux cousines, toutes plus jeunes que lui de presque trente ans, occupaient à présent le charmant pavillon de St-Just, et ce jusqu'à ce qu'on leur trouve une nouvelle identité ?

Nulle ne le savait vraiment, car même les Aurors n'en auraient rien dit. Et Deneb, silencieux et attentif malgré son air blasé, n'allait certainement pas les renseigner...

Le rire nerveux, bien vite transformé en quinte de toux, dont les gratifia le directeur, sembla sortir l'Allemande de ses pensées. Elle s'était momentanément perdue à regarder son verre de jus de citrouille, pensive, avant de jetter quelques coups d'oeil au plafond magique, qui reprenait peu à peu de sa splendeur, après un orage gris et maussade.

La répartition avançait, lentement, et Elfriede voyait ses collègues, certains passionnés, d'autre franchement lassés. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres, à la vue d'une Galatea calculatrice de potentiel. Ce regard d'experte, elle l'avait croisé pour la première fois, il y avait de ça des années. La professeur lui avait tout de suite fait grande impression. Non qu'elle en ait jamais eu peur, mais elle était empreinte d'un profond respect pour cette dame-là, comme pour certains autres de ses actuels collègues, d'ailleurs...

Tournant la tête au hasard vers les autres enseignants, elle remarqua soudain l'air fatigué de Deneb. Déjà que l'Allemande était une jeune femme très observatrice, là, c'était encore plus flagrant. Elle ne dit rien, cependant, ne voulant pas le mettre mal à l'aise. Et puis... elle savait bien que ce genre de sujets n'était jamais vraiment apprécié. Personne n'aimait réellement parler de ses problèmes, sauf les mièvres famelettes, habituées à se plaindre continuellement... Fort heureusement, St-Just n'en faisait pas partie...

Rejetée à l’extrémité droite de la table, le professeur Van Nieuwenhuysen observait en silence la foule d’élève qui s’étendait d’un bout à l’autre de la Grande Salle. Alors, ce serait ça ses premiers élèves ? Pas tous, bien sûr, l’Arithmancie n’étant une option disponible qu’à partir de la troisième, mais l’avenir de la sorcellerie anglaise se cachait quelque part entre ces quatre tables… Quatre, ce n’était pas un très bon chiffre – une table serait-elle en trop ? Ce n’était pas impossible, tous les sorciers n’avaient pas la sensibilité de l’équilibre numérique. Même les plus grands l’ignoraient quand bon leur semblait.

Mais la jeune Flamande n’était ni grande – un mètre cinquante-deux pour être précis – ni dédaigneuses des règles arithmétiques. Et pour cause : elle avait été engagée pour les enseigner il y a quelques jours de cela. Cinq jours et dix-huit heures exactement.

Des rires, des discussions lui parvenaient de l’autre bout de la table. Elle ne chercha pas à les comprendre, encore moins à y participer : le corps professoral se connaissait depuis des années, elle n’était qu’une inconnue parmi eux. Une étrangère, une réfugiée à qui on accordait l’honneur d’un travail honnête. Marloes ne voulait pas s’imposer, pas tout de suite du moins. Après… elle aviserait.

De toute manière, le silence se faisait. Le professeur Dumbledore entrait, suivi par une poignée de premières au pas hésitant. Un à un appelés pour être répartis entre les quatre tables par un chapiat mal rapiécé, ils obtempéraient sous le regard sévère de leurs futurs pédagogues. Sourire aux lèvres, elle s’imaginait, douze mois plus tard, la même voix annoncer « Van Nieuwenhuysen Roos »… Car les nombres lui répétaient que la paix n’était pas pour demain, dans son pays devenu fou. Que le Rexisme avait quelques belles années devant lui – pour le reste, les chiffres n’osaient se prononcer. Trop de données à prendre en compte, sans doute.

L’avenir des Van Nieuwenhuysen était ici, pour l’instant du moins. Roos était couchée dans la petite chambre qu’elle partageait avec sa mère, son plus grand trésor à l’abri dans un coffre-fort rempli d’élèves. Mais elle préférait être discrète sur la présence de sa fille, que nul ne puisse la lui reprocher. Et que la petite fleur puisse demeurer en sécurité, surtout.